Budget 2008 de la ville de Tours : 10/20, un budget de « belle endormie » !
C’est sans doute parce que la période des conseils de classe bat son plein que la Nouvelle République a décidé, avec un vrai sens de la pédagogie, de noter, depuis plusieurs semaines dans ses colonnes, le bilan Germain à la mairie de Tours. Je ne résiste pas à la tentation de faire de même à propos du budget 2008 qui a été discuté aujourd’hui, et dont j’ai assisté à la présentation, ce matin, lors d’une nouvelle séance du conseil municipal. Les adeptes du premier degré me reprocheront sans doute cette démarche ; je leur donne donc à méditer, de manière préventive et thérapeutique, cette phrase du grand Jacques Brel : "l'humour est la forme la plus saine de la lucidité". Le budget 2008 de notre ville, tel qu’il a été présenté par Jean Germain, reçoit la note de 10/20 avec l’appréciation « se repose trop sur ses maigres acquis » : moyenne entre la note conférée à une certaine habileté dans la présentation du bilan comptable de notre ville et celle attribuée à la faible capacité visionnaire du maire actuel. Pour la gestion, un 12/20, avec l’appréciation « honorable, mais peut mieux faire » me semble juste. En effet, même si la majorité actuelle a su, dans quelques domaines, gérer, avec un certain volontarisme, bon nombre de dossiers qui concernent la vie quotidienne des Tourangeaux, beaucoup de lacunes sont à relever (en particulier sur la dette de la ville, les préoccupations du personnel municipal, la fluidité du trafic routier, ou encore la vie démocratique au sein de la municipalité…). 12/20, cela veut aussi dire que tout est loin d’être parfait. On peut, entre autres, s’étonner du peu de moyens mis au service de la police municipale, des quartiers fragiles ou encore de l’absence de projet ambitieux en ce qui concerne l’augmentation du nombre de places en crèche. Quant à sa capacité visionnaire, je mets à Jean Germain un petit 8/20 avec l’appréciation « a montré ses limites ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que le budget présenté ce matin, comme tous ceux présentés depuis 1995, manque cruellement d’ambition. Il ne répond pas aux questions essentielles dont les réponses permettront de faire entrer Tours dans le 21eme siècle : comment faire de Tours une pépinière de PME ? Comment faciliter la vie des familles ? Comment faire en sorte que le centre-ville et les quartiers ne soient pas désertés par les commerces ? Comment lutter efficacement contre l’insécurité ? Comment recréer une identité tourangelle ? Comment faire cohabiter la voiture et les transports propres ? Comment dynamiser la place de la Gare, nos entrées de ville,... Autant de questions sans réponse depuis tant d’années. Reste maintenant à noter l’opposition municipale qui est, elle aussi, garante du bon fonctionnement démocratique d’une commune. En toute objectivité, je mettrai un 9/20 pour son « manque de travail et d’assiduité » et l’appréciation « attention au redoublement ». En effet, même si son exposé sur la dette, quoique rébarbatif, fut pertinent, son discours fut peu constructif, avec une absence criante de propositions. On pourrait presque remercier M. le Maire de ne pas lui avoir donné davantage la parole. Tout cela, ce matin, était un peu mou, un peu triste : il faudrait à cette classe trop éteinte des éléments nouveaux, des éléments moteurs. Une nouvelle équipe qui fasse de Tours une vraie capitale. Le budget 2008 continue, donc, à renforcer la ville dans son statut de « belle endormie » : c’est un budget somnifère alors qu’il faudrait y mettre un peu de vitamines pour réveiller les forces vives de notre ville. Ce n’est pas un mauvais budget, c’est un budget sans saveur et sans couleur. La première adjointe y voit un budget solidaire mais elle oublie que la première des solidarités, c’est l’emploi, et que l’emploi est menacé par cet endormissement. L’ambition n’est pas tant une question de coût qu’une question de goût : voulons-nous une ville qui s’éveille ou une ville qui sommeille ? Préférons-nous une ville ambitieuse et dynamique, qui s’ouvre au monde, ou une ville qui se satisfait d’être dans la moyenne des moyennes ? Ce sera le grand sujet de dissertation des quelques semaines qui nous séparent de l’examen de mars. |